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3 septembre 2006

Le Génocide Rwandais de 1994

Rwanda_1994

Je vais revenir sur une des pages sombres de l'histoire de l'Afrique, qui a choqué le monde entier. Ne connaissant pas vraiment les causes et les conséquences de cet évènement, je m'y suis interessé de plus près. Je vous fais partager ce que j'ai appris et mes réflexions sur ce qu'il s'est passé. A l'image de la photo (qui représente des réfugiés rwandais en Tanzanie en 1994) : on pourrait se croire en plein chaos, au sein d'un monde au bord de l'apocalypse... PLUS JAMAIS CELA!

"Abattez les grands arbres"

Tout commence le 6 Avril 1994: l'avion transportant les deux présidents (hutu) du Rwanda et du Burundi est abattu par deux missiles alors qu'il s'apprête à atterrir à l'aéroport de Kigali (ville du Rwanda). Plus de dix ans après les faits, ne nous pouvons toujours pas dire avec certitude qui sont les responsables, je préfère donc ne pas prendre parti et en rester à une analyse générale. Les choses se sont accélérées : le colonel Bagosora, le directeur de cabinet au ministère de la défense, qui avait autorité sur la garde présidentielle, s'est alors affirmé comme le chef d'orchestre des évènements rwandais. Quelques heures seulement après l'attentat, la garde présidentielle et les milices interahamwe (le bras armé du Hutu Power) entent en action à Kigali et dans certaines régions du Rwanda, notamment le Nord-Ouest.

Le signal du début du génocide a été la phrase "Abattez les grands arbres" diffusée sur la radio de propagande hutu (la Radio des Mille Collines), lançant le plan conçu à l'avance (explications dans la seconde partie). Ce sont principalement les milices interahamwe qui se sont chargées du "travail" comme elles l'ont appelé. Le "travail" consistait pour la population hutue (90% de la population totale) à massacrer à travers tout le pays les Tutsi mais aussi certains Hutu modérés qui étaient contre ce projet, considérés comme des traîtres.

La population utilise essentiellement des machette, des houes et des gourdins cloutés. Je pense que cette simple évocation donne une idée assez précise de ce qu'a été le massacre... Pendant trois mois, les massacre ont atteint des sommets dans l'horreur. Près d'un million de personnes a été massacré (selon le FPR, représentant les Tutsi, 500 à 800 000 selon l'ONU) de manière atroce : les femmes enceintes ont été éventrées, la violence sexuelle était générale, meurtres au sein de famille mixtes (à moitié Tutsi, à moitié Hutu)... Tout ceci en fait un des évènements les plus horribles du XXème siècle.

Les origines de la rivalité ethnique

Pourquoi les Hutu se sont-ils tournés vers les Tutsi? Ici nous allons un peu plus aborder l'histoire du Rwanda (comme quoi, l'histoire c'est vraiment important pour comprendre les évènement actuels)... Lors de la colonisation par la Belgique (pas exactement, la Belgique a en fait chassé les Allemands en 1916 qui étaient les colonisateurs), ces derniers ont mis en place une carte d'identité ethnique. Les administrateurs belges ont utilisé des critères raciaux analogues à ceux qu'utiliseront les nazis plus tard. Ils ont alors créé un stéréotype de chaque race ( les Tutsi grands et minces et les Hutu petits et trapus...). En fait, il n'y a pas plus de différence de taille entre les Tutsi et les Hutu qu'entre les différentes classes sociales de la France des années 1950. Dès 1931, une identité ethnique est officiellement décrétée et chaque Rwandais devait porter une carte d'identité ethnique obligatoire. Première erreur commise par les Européens : créer de toute pièce une différence ethnique qui n'avait pas lieu d'être. Mais ce n'était que la première pierre portée à l'édifice de la haine...

La seconde a été encore plus énorme. L'administration belge a estimé que les Tutsi étaient supérieurs aux Hutu et les a favorisé sur tous les plans. Ils les ont systématiquement institué comme relais coloniaux, destituant tous les responsables hutu que la dynastie tutsi reconnaissait. L'accès aux études a été interdit aux Hutu et réservé aux Tutsi. Deuxième erreur des Européens : instituer une race supérieure sans vraies raisons ni justifications était synonyme de création d'une haine entre deux peuples qui n'avaient rien demandé. Comment les Hutu auraient-ils pu accepter d'être soumis aux Tutsi?

Et enfin, comme le dit l'adage : "jamais deux sans trois". Lorsque les Tutsi ont réclamé l'indépendance à la fin des années 1950, le colonisateur belge a renversé cette alliance et a mis en exergue l'exploitation des Hutu qu'il avait renforcée et systématisée, ainsi que leur prétendue origine étrangère. La révolte des Hutu a chassé les Tutsi du Rwanda en grand nombre lors de la chute de la monarchie en 1962, notamment ceux qui étaient liés à la dynastie royale. Lorsque les exilés, principalement des Tutsi, sont rentrés en force au partir de 1990, la République Hutu a préparé le génocide des Tutsi restés au Rwanda, supposés être des traîtres, des agents au service du FPR (alliance militaire et politique des exilés Tutsi)...

D'aucuns avancent que si cette distinction ethnique, essentiellement basée sur des critères morphologiques, avait été fondée, il n'y aurait pas eu besoin de carte d'identité pour la préciser. Sur les lieux de massacres du génocide, on a retrouvé des milliers de cartes d'identité qui traînaient à côté des cadavres...

Mais où était l'ONU?

J'aurais bien aimé étudier le cas de l'ONU et sa non-intervention plus précisément, mais par manque d'information impartiale, je préfère le laisser de côté pour l'instant... Il me semble avoir lu (ou vu) quelque part que l'ONU savait précisément ce qu'il se tramait mais n'a pas osé intervenir de peur de briser le droit d'ingérance du Rwanda. En effet, malgré son rôle de gendarme du monde, l'ONU ne peut pas intervenir dans un conflit interne à un pays mais seulement au sein d'un conflit entre deux nations. Malgré, les sommets de l'horreur atteints, personne n'est intervenu. Pourquoi?...

Extrait d'un témoignage relatant un exemple de ce qu'ont été les massacres

"Jean de Dieu (onze ans) était recroquevillé, une boule de chair en sang, juste un filet de regard sorti droit du néant, un regard sans vision fixant un autre corps: Marie-Ange (neuf ans) lovée sur un tronc d'arbre, les bras ballants, les jambes écartées souillées d'excréments de sperme et de sang, l'anus n'étant plus qu'une plaie béante. Dans sa bouche, un sexe coupé à la machette, celui de son père. Dans un trou d'eau puante gisaient quatre corps découpés, empilés: leurs parents et frères aînés. Nous les avons pris dans nos bras, à la va-vite, pour les installer dans la voiture. A cet instant est passée une voiture tout-terrain chargée d'hommes en armes; ils se sont mis à rire sadiquement. Le fait d'avoir dans les bras des corps d'enfants n'a aucunement modifié leur agressivité, il a fallu palabrer, comme toujours... Une pluie torrentielle a certainement été une providence, ils nous ont laissés allonger les deux gosses dans la voiture, et nous sommes repartis vers l'hôpital en se disant que le mot horreur devra un jour enfanter un autre mot plus terrible pour décrire ce genre de scènes vécues au quotidien par quelques volontaires encore présents à Kigali." (bulletin d'information N°30 de MSF. avril 1994. témoignage d'un médecin, René Caravielhe. repris par "Maudits soient les Yeux fermés" de Françoise Bouchet-Saulnier et Frédéric Laffont. Arte éditions/J.C.Lattès)

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