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31 juillet 2007

Le 22 Octobre 1989: Le règlement de comptes

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En arrivant au Japon, rien ne va plus au sein de l'équipe Mclaren-Honda. La bataille psychologique qui s'était instaurée en début de saison a tourné à la guerre et c'est maintenant une atmosphère irrespirable qui règne dans le box de l'équipe anglo-japonaise. Prost, qui sentait que le vent était en train de tourner au sein de l'équipe et que peu à peu, Senna attirait sur lui toutes les attentions, a déclaré publiquement que son équipe le défavorisait par rapport à son équipier brésilien en ne lui donnant pas le même matériel et ce, dès le Mexique, la quatrième manche du championnat. Ayrton Senna et Ron Dennis ont été les premiers offusqués par cette remarque mais ce n'est rien comparé à Honda, le motoriste, très à cheval sur la rigueur et qui n'apprécie pas que l'on remette en cause son sens de l'équité en public. Dès le mois de Juillet, le divorce est consommé. Alain Prost quittera Mclaren à la fin de la saison 1989, certaines rumeurs l'annonçant même chez Ferrari pour la saison 1990. Et pourtant, c'est Ayrton Senna qui en position de faiblesse au championnat. Après un excellent début de championnat où il a terminé premier à Imola, à Monaco et au Mexique, il a par la suite enchaîné une série de quatre abandons, qui l'ont mis à plus de vingt points de Prost au championnat. Après un renouveau lors des Grands Prix d'Allemagne, de Hongrie et de Belgique où il remporte deux brillantes victoires et une belle seconde place, Ayrton connaît deux nouvels abandons, en Italie et au Portugal (à cause d'un accrochage avec Nigel Mansell, qui a tenté une manoeuvre suicidaire et alors qu'il était disqualifié). Une nouvelle victoire l'attend en Espagne, trois semaines avant le Grand Prix du Japon. Il est cependant très loin au championnat et il est obligé de l'emporter au Japon et en Australie, les deux dernières manches du championnat, s'il veut être titré. Entre un Alain Prost mécontent et un Ayrton Senna inquiet, l'ambiance est orageuse chez Mclaren.

L'ambiance très tendue et le fait que les deux sociétaires de Mclaren-Honda se battent pour le titre présagent une course d'anthologie. Dès les qualifications Ayrton Senna et Alain Prost trustent les premières places sur la grille, le Brésilien signant une nouvelle pôle position (la douzième de la saison et la quarante et unième de sa carrière), plus d'une seconde devant le Français. Pour l'instant, le plan de Ayrton se déroule à merveille et il ne lui reste plus qu'à s'imposer dimanche pour espérer remporter un second titre d'affilée. Comme en 1988, les deux rivaux vont offrir une course qui restera dans les annales de la Formule 1. Comme en 1988, Ayrton rate son départ et Alain Prost est en première position au premier virage avec la Mclaren n°1 dans son sillage. Pendant quarante-six tours l'écart entre les deux pilotes ne va pas dépasser les deux secondes. Ayrton Senna ne peut pas laisser le Français s'échapper et il donne tout et plus pour rester au contact. Au tour 47, alors que Senna revenait petit à petit sur Prost, les deux pilotes ne sont séparés que d'une petite seconde. Senna sort rapidement de Spoon et se place dans le sillage de la Mclaren n°2 dans la longue ligne droite. Ayrton sent que le moment est venu de tenter une attaque, alors qu'il ne reste que six petits tours. Alors qu'Alain Prost entame son freinage à la chicane précédent la ligne d'arrivée, Ayrton se déporte vers la droite et retarde son freinage au maximum. Il se trouve à l'intérieur et croit que Prost va le laisser passer. Mais le Français prend sa trajectoire normale et c'est l'accrochage! Vision cauchemardesque pour Ron Dennis que de voir ses deux monoplaces embriquées l'une dans l'autre, au ralenti, dans le chicane. Alors que Prost sort de sa monoplace, pas mécontent de l'issue du duel, Ayrton demande aux commissaires de le pousser afin qu'il puisse reprendre la course. Il passe à son stand afin de changer son aileron avant, abîmé lors de l'accrochage. Pendant ce temps, Alessandro Nannini en profite pour passer. Il reste cinq tours et Senna se lance dans une formidable chevauchée. En deux tours il revient sur l'Italien et le passe avec fermeté et autorité à la chicane. Il passe la ligne d'arrivée en levant les bras. Il vient de remporter une course qui semblait perdue et conserve ainsi ses chances au championnat du monde!

Mais, dans la coulisse, le pouvoir sportif s'organise. La conduite du Brésilien est jugée dangereuse et il est disqualifié. Il passe dès lors du rêve au cauchemar... Les phrases venimeuses fusent de part et d'autre: effondré, Ayrton Senna déclare: "Ce résultat ne correspond absolument pas à la réalité de la course et à la sportivité. J'ai le sentiment d'avoir gagné cette course mais on me l'a enlevé." Ce à quoi Prost rétorque: "Cette course, j'allais la gagner. Senna le savait, il a donc tenté une manoeuvre désespérée. En fait, il ne supporte pas que quelqu'un résiste à ses manoeuvres de dépassement." Alain Prost est déclaré champion du monde alors que Senna a tout perdu. Il ne comprend pas la décision de la FISA car on le traite comme un criminel. Il se sent trahi et blessé au plus profond de lui-même. Il prend la parole dans une conférence de presse exceptionnelle où, les yeux embués de larmes, il démontre qu'il n'est pas responsable de l'accident qui vient de se passer. Pour lui, les torts sont partagés et il n'accepte pas qu'on lui fasse porter le chapeau. Il dénonce un complot entre Alain Prost et Jean-Marie Balestre, président de la FISA, afin de ramener le titre en France. Il est écoeuré par ce qui vient de se passer et pense même tout quitter. C'est à cet instant qu'il lance la phrase devenue si célèbre: "La course, la compétition, sont dans mon sang, font partie de moi, partie de vie. Et cela passe avant tout." Mais la saison 1989 a été au cauchemar pour le champion brésilien. Les abandons à répétition et sa relation houleuse et tumultueuse avec Alain Prost  ont considérablement usé Ayrton Senna. L'accrochage de Suzuka est la goutte d'eau qui a fait débordé le vase. Après un simulacre de course en Australie où il s'accroche très tôt avec Martin Brundle, le Brésilien s'enfuit loin de toute cette tension, chez lui, au Brésil et commence à réfléchir longuement à la suite de sa carrière. Il a besoin de faire tomber la pression afin d'y voir plus clair.

_Ayrton_Senna_14

Bonus: Les images de la course!

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