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9 octobre 2007

Le 31 Mai 1992: Le miracle de Monaco...

mona92

C'est ce qu'il arrive à faire en prenant la mesure de Riccardo Patrese, le pilote de la seconde Williams-Renault, au premier virage. Il se place tout de suite dans les roues de Nigel Mansell mais le cauchemar entamé au débu

La saison 1992 commence très mal pour Ayrton Senna. Après avoir connu l'euphorie d'un troisième titre de champion du monde l'année précédente, les premières courses de cette année sont très difficiles à vivre. En effet, il doit courir avec la MP4/6, la monoplace de 1991, lors des deux premières manches. C'est un calvaire. Il ne doit qu'à son talent de terminer sur le podium en Afrique du Sud alors que la voiture va le lâcher au Mexique. C'est au Brésil que la MP4/7 fait son apparition. Très vite, le Brésilien se rend compte du retard pris par rapport aux Williams-Renault qui ont poursuivi leur ascension entamée à la fin de la saison 1991. Alors qu'il doit une nouvelle fois abandonner, les Williams réalisent leur troisième doublé et Mansell remporte sa troisième victoire. Les monoplaces anglo-françaises sont les voitures à battre en ce début de saison et elles surpassent largement les Mclaren-Honda dans tous les compartiments, que ce soit au niveau du chassis ou du moteur... Même en terme de vitesse pure Ayrton Senna ne peut rien faire: il n'a pas signé une pôle position depuis le début de la saison! Les deux courses qui suivent sont particulièrement éprouvantes pour le champion brésilien, obligé de s'employer physiquement afin de combler les lacunes de sa monoplace. Si en Espagne il abandonne une nouvelle fois alors qu'il tenait la troisième place, à Imola la voiture tient bon et c'est sur le podium qu'il achève la course. C'est au prix d'un effort physique assomant qu'il réussit cette performance et il déclare après la course: "J'espère que je ne vais pas être obligé de conduire dans ces conditions tous les dimanches. J'ai vraiment fait ce que j'ai pu en étant à la limite physiquement." Au championnat la situation est catastrophique: alors que Nigel Mansell a remporté cinq victoires et marqué cinquante points, Senna n'a marqué que dix points!  Il y a un gouffre entre les deux prétendants au titre et à moins d'un miracle, la situation est maintenant irréversible. Le Brésilien a donc revu quelque peu ses ambitions à la baisse en début de saison et il attend juste maintenant de remporter une première victoire. En débarquant à Monaco, où il est triple vainqueur en titre et quadruple vainqueur sur les cinq dernières éditions, il espère que ce circuit très particulier permettra de niveler les performances des monoplaces et ainsi, qu'il puisse se battre pour la victoire...

Cependant, dès les premiers essais qualificatifs il est très vite déçu. Il ne se place qu'en troisième position sur la grille de départ à plus d'une seconde de Mansell, poleman du jour. Compte tenu de l'importance de partir devant sur ce circuit tortueux où il est très difficile de doubler, il considère cette séance comme un échec. Il sait que la course va être difficile le dimanche et qu'il devra parfaitement s'élancer, faute de quoi il pourra dire au revoir à la victoire. C'est ce qu'il arrive à faire en prenant la mesure de Riccardo Patrese, le pilote de la seconde Williams-Renault, au premier virage. Il se place tout de suite dans les roues de Nigel Mansell mais le cauchemar entamé au début de la saison continue... Alors que les tours défilent, Ayrton n'arrive pas à suivre le rythme de la Williams, qui s'échappe inexorablement. Mais le Brésilien s'accroche. A chaque tour il essaye d'assouplir la conduite de sa monoplace pour la rendre plus docile sur les vibreurs et ainsi gagner quelques précieux dixièmes. Il est plus lent que Mansell mais il pilote à 100%, à la limite de la MP4/7-Honda. Il se bat contre sa monoplace, rétive et difficile à piloter en donnant absolument tout ce que son corps peut lui offrir. Les tours passent et Ayrton s'attend à achever cette morne procession en seconde position. C'est alors que l'incroyable se produit: Nigel Mansell s'arrête aux stands pour changer de pneus, pensant -à tort- à une crevaison. Il reste sept tours à disputer et Ayrton se retrouve ainsi propulsé en tête de la course! Mais le Britannique n'a pas dit son dernier mot et ressort des stands le couteau entre les dents, déterminé à reprendre la première place. Tour après tour il revient à pas de géant sur la Mclaren. A trois tours de la fin, le jonction est effectuée et s'engage alors un magnifique mano à mano entre les deux pilotes. La Williams est beaucoup plus rapide mais Mansell ne trouve pas le moyen de passer. Ayrton sent le souffle du fauve derrière lui et utilise tous les moyens à sa disposition pour contenir ses assauts. Il ne perd pas une miette de concentration et fait tourner Nigel, qui essaye de passer à droite, à gauche, en réaccélération, en freinage, en bourrique. Non, il ne lâchera pas cette première place tombée du ciel. Pendant trois tours, Ayrton réussit un véritable exploit de concentration et de sang-froid en maintenant Mansell, de loin plus rapide, derrière lui. Au passage de la ligne, c'est la délivrance: Ayrton Senna remporte son premier Grand Prix de la saison!

La joie le submerge. Il lève les bras frénétiquement et s'exprime à la radio par des cris, révélateurs de la frustration qu'il avait ressenti depuis le début de la saison, cantonné dans un rôle de faire-valoir. C'est clairement une de ses victoires qui lui ont fait le plus de bien, peut-être même une des plus belles compte tenu de la pression à laquelle il a du résister pendant les ultimes boucles. A l'arrivée dans le parc fermé, Ayrton remercie tous ses mécaniciens et tombe dans les bras de Mansell. Les deux champions se congratulent mutuellement. Mansell, pas mauvais joueur, félicite Ayrton. Une nouvelle fois, ces deux formidables attaquants ont écrit une belle page de la Formule 1, un de ces duels devenus mythiques. Après la cérémonie du podium, Ayrton déclare au micro d'un journaliste: "C'est vraiment incroyable de remporter le Grand Prix dans ces conditions. Il est clair que sans ces circonstances particulières, je n'avais aucune chance de vaincre. Néanmoins, je ne vais pas faire la tête un jour pareil! J'avais perdu le goût de la victoire et voilà que celle-là me tombe du ciel... Pour le championnat, en revanche, je ne me fais aucune illusion..." Il est clair que la situation ne semble pas vraiment améliorée pour le championnat mais il faut savourer des instants pareils. Ayrton Senna remporte sa cinquième victoire à Monte-Carlo, et il égale ainsi le record de Graham Hill. C'est une véritable histoire d'amour entre cette course particulière et le champion brésilien puisqu'après y avoir été révélé aux yeux de tous en 1984, il y remporte l'une de ses plus belles victoires. Mieux, en 1993, Ayrton va remporter une victoire similaire après que Alain Prost, alors largement leader, ait dû s'arrêter à son stand pour un problème. Cet étrange ensemble de circonstances donne l'impression qu'il était écrit qu'un jour Ayrton Senna serait recordman des victoires à Monaco. En remportant six des dix Grands Prix de Monaco qu'il a disputé, le Brésilien a établi un sacré record...

1992_Monaco_1

Bonus: la vidéo des trois derniers tours: Monaco 1992

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